Pays de production : Egypte
Année de production : 1997
Durée : 140 minutes
Scénario : Youssef Chahine, Khaled Youssef
Producteur : Marianne Khoury Misr International Films
Interprétation : Nour El Cherif (Averroès)
Laila Eloui, Mahmoud Hemeida , Safia El Emary, Khaled El Nabaoui, Seif Abdel Rhma,Regina, Abdallah Mahmoud , Ahmed Fouad Sélim

Résumé : au XII° siècle, en AL Andalous, le philosophe Averroès (né à Cordoue en 1126 et mort à Marrakech en 1198) poursuit son œuvre philosophique malgré des difficultés politiques et religieuses ; ses livres sont brûlés mais disciples, famille et amis ont réussi à sauver l'œuvre, faisant des copies qui franchissent les frontières. "La connaissance n'a pas de nationalité ni de religion. Elle est allée de l'un à l'autre, des Egyptiens aux Grecs aux Romains, etc. Grâce aux Arabes, la pensée libre s'est épanouie à travers les philosophes.Dans le monde arabe on s'arrachait les livres.

C'était un honneur d'avoir accès à la connaissance." Eloge de la pensée, le film est aussi un hymne à la vie et au bonheur. "Averroès est un penseur du côté de la vie. Je n'ai rien à faire d'une philosophie qui ne serait pas du côté de la vie." (Youssef Chahine) La plus grande partie de l'histoire se déroule à Cordoue, dans une atmosphère de comédie musicale. Le film propose un agréable divertissement tout en donnant à penser. "Je pense que le cinéma ne peut pas seulement être un langage de divertissement, mais qu'il doit aussi éduquer.

Quand je lis un livre, ce n'est pas seulement pour passer le temps. J'ai envie de sortir d'un livre avec quelque chose en plus qui m'a fait du bien pour qu'à mon tour je puisse faire du bien aux autres. Ça me paraît essentiel" (Y. Chahine) Le message apparaît sur l'écran : "La pensée a des ailes. Nul ne peut arrêter son envol."

Pour plus d'information :
http://www.ac-toulouse.fr/histgeo/eureka/eure0505.htm
http://www.regards.fr/archives/1998/199802/199802inv01.html
Cahiers du cinéma n° 517

Production finale du T.P.E. : présentation du film « Le destin » de Youssef Chahine et animation d’un débat ; soirée à l’internat le mercredi 27 février 2002 de 19h 30 à 23h 30 ; remise d’un questionnaire aux spectateurs présents.

Compte- rendu de la séance.

Les six élèves ayant participé au T.P.E. ont commencé par présenter le film de Youssef Chahine aux spectateurs présents, quelques adultes de l’établissement et des élèves internes, environ une quinzaine de personnes. Chaque élève avait choisi de présenter un aspect du film, sachant que la présentation dans son ensemble devait durer trente minutes.
La première élève a présenté le réalisateur, sa carrière, et le film dans sa généralité, en insistant sur les circonstances particulières qui ont présidé à la réalisation du film : la montée de l’intégrisme islamiste en Egypte, et les menaces de certains de ses représentants à l’encontre de Youssef Chahine lui-même. Le film se voulait une réponse à cette dérive de l’Islam, et se proposait donc comme un film engagé, choisissant de dépeindre la fin d’une époque historique sensée symboliser la tolérance : l’Espagne musulmane d’Al Andalous, et la présentation d’un philosophe victime des tensions de cette période : Averroès.
A partir de là, la seconde élève a présenté le contexte historique général d’Al Andalous pour permettre aux spectateurs de bien comprendre les enjeux de cette période. La présentation s ‘est faite à l’aide de cartes distribuées au public permettant de délimiter le territoire d’Al Andalous et l’évolution de ses frontières durant toute la période, en insistant sur la reconquête progressive du territoire par les chrétiens.
La troisième élève a présenté plus précisément la période choisie par Youssef Chahine comme cadre historique de son film : le règne des Almohades. Elle a insisté sur les positions religieuses et théologiques de cette dynastie, représentée dans le film par la personne du calife al Mansur, et les enjeux politiques de cette période face à la reconquête chrétienne. C’est sous ce règne qu’Averroès a occupé la fonction de grand juge, protégé au début par le calife, puis éloigné ensuite du pouvoir, le calife cédant à la pression des ulemas traditionnalistes.
La quatrième élève a présenté la vie et l’œuvre du philosophe en mettant l’accent sur sa position particulière dans la tradition philosophique musulmane : Averroès est un théologien et un philosophe musulman et en même temps, un grand connaisseur de la philosophie grecque de l’Antiquité, en particulier d’Aristote, dont il a commenté l’œuvre toute sa vie. Elle a essayé de nous faire comprendre pourquoi son œuvre avait pu déclencher cette opposition des ulemas orthodoxes que le film décrit. Ils réussiront à provoquer la disgrâce d’Averroès auprès du calife, et à faire brûler ses œuvres en place publique.
La cinquième élève a présenté les autres personnages du film, en essayant de montrer à chaque fois ce qu’ils sont sensés symboliser dans le film , et en distinguant nettement les personnages historiques des personnages de pure fiction avec lesquels ils cohabitent. Elle a montré que le film proposait une vue assez exhaustive de la société musulmane de l’époque et de tous ses représentants importants. (politiques, religieux, hommes de savoir, artistes, peuple…)
Enfin, la dernière élève a proposé un éclairage sur la civilisation musulmane telle qu’elle apparaît dans le film, en présentant d’abord les lieux qui la symbolisent (mosquée, hammam, souk…), puis en proposant un glossaire rapide de tous les termes spécifiques employés dans le film. Elle est aussi revenue sur les événements historiques les plus décisifs du film, et a relevé certains anachronismes du point de vue historique.(référence à l’Inquisition au début du film, présence des gitans)

A la suite de cette présentation, le film a été projeté, et la projection a été suivie d’un débat d’environ une demi-heure à partir des questions du public dans un premier temps, puis impulsé ensuite par les élèves du T.P.E. Le débat a été axé sur les enjeux du film, politiques, philosophiques et religieux. Les élèves ont essayé de savoir comment le « message » du film avait été compris du public, et ce que pouvait incarner le personnage d’Averroès, un philosophe pris dans la tourmente d’événements politiques et de problématiques théologiques tout à fait spécifiques, mais pouvant peut-être faire écho à des questions plus contemporaines. Revenant sur ce contexte et ces enjeux, elles ont essayé de savoir s’ils étaient lisibles dans le film, et comment les spectateurs l’interprétaient.