Pour comprendre Al Andalous
MUSULMAN : vient de muslin (adjectif et substantif qui désigne celui qui embrasse l’Islam et suit fidèlement les croyances et les prescriptions de cette religion). Muslin = le fidèle, le soumis au Dieu révélé par l’Islam.
ISLAM : religion des musulmans et la civilisation qui en découle. Fondé au VII° siècle en Arabie par Mahomet, l’Islam fut porté par la guerre dès les VIII et IX° siècles en Asie jusqu’à l’Indus, sur les rives de la Méditerranée et les rivages africains de l’Atlantique. La décadence du califat fit perdre à l’Islam son unité : constitué d’états partiellement indépendants. De plus, l’expansion de l’Islam est stoppée en Europe par la victoire chrétienne de Poitiers (732) et la résistance byzantine sous les murs de Constantinople. Toutefois, la conversion de princes mongols à l’Islam porta cette religion en Chine et en Inde; la conversion des Turcs l’introduisit en Europe Orientale après la prise de Constantinople (1453).
Cartes de l’atlas historique p.130 132 , Islam porté jusqu’aux rives de l’Atlantique, de l’Océan Indien et du Pacifique.
MAHOMET (en arabe Muhamed, le loué), né entre 567 et 573 à La Mecque, centre caravanier et religieux d’Arabie, pays alors païen. Lui-même était caravanier . Vers 40 ans, il sent les insuffisances du paganisme et se retire dans le désert pour méditer, il invoque déjà un dieu créateur, unique, se manifestant aux hommes par l’intermédiaire des anges et parlant par la voix des prophètes (celui qui parle au nom de Dieu et agit comme son porte-parole : cette parole est alors revêtue de l’autorité divine). Cette croyance avait été transmise par les communautés juives et chrétiennes. Au cours d’une de ces retraites méditatives, vers 610, il reçoit de l’ange Gabriel, messager de Dieu, la révélation d’avoir à ramener son peuple à la religion du Dieu unique (Allah) en lui redisant les paroles entendues (qoran = récitation).C’est ce qu’il fait pendant dix ans malgré l’hostilité rencontrée de l’aristocratie mecquoise, prêchant la soumission (islam) à la volonté de Dieu et annonçant le jugement divin. Prédication auprès des pauvres et des esclaves. Menacé par les Mecquois, il se réfugie en 622 à Yathrib qui deviendra Médine (Al Médinat al - Nabi : la ville du prophète). Cette émigration (Hégire) marque l’an 1 de l’ère musulmane. En guerre avec La Mecque, Mahomet s’en empare en 630, y instaure une législation civile et religieuse, y institue le pèlerinage rituel (Hajj) et meurt en 632 à Médine. Il avait étendu la foi et la loi à toute l’Arabie, unifiant ainsi les tribus ennemies : début de la formidable expansion de l’Islam.
LA FOI ISLAMIQUE :
1 - les sources de la foi :
. Le CORAN : d’une racine commune à l’arabe et à l’hébreu qui signifie “lire” ou “ce qui se lit”, la Parole de Dieu faite livre : Mahomet en recevait les fragments dans des états seconds qui submergeaient sa volonté et sa conscience...
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Toujours il fit une différence nette entre ce qui venait de cet au-delà et ce qui venait de sa propre intelligence consciente et même inspirée. Mahomet n’ayant rien écrit, les révélations reçues par lui ont été recueillies par ses compagnons et réunies après sa mort. Le texte définitif est fixé à partir de quatre médinois qui l’avaient appris par coeur et des copies sur des peaux, des poteries, les omoplates de mouton, par le calife Otsman (644-655). Le coran est à la fois livre de doctrine et de prière, code de droit, guide de la vie quotidienne, encyclopédie du pauvre. Ses 174 sourates (chapitres regroupant les versets) sont classées par longueur décroissante, sauf la première très courte, élément essentiel de la prière du musulman.
N.B. le Coran aurait été révélé la 27° nuit du mois du Ramadan et c’est cette nuit-là selon la croyance générale, que se trouve fixé le destin des croyants pour l’année à venir “Nuit du Destin” (Calendrier musulman voir Théo p.910-914).
Beauté et perfection de la langue dans laquelle le Coran est transmis.
Le contexte politico-religieux montre que les conditions étaient favorables à l’éclosion d’une religion nouvelle. Les Arabes païens admettaient un dieu créateur supérieur, mais lui associaient d’autres divinités secondaires. De nombreux versets du Coran vouent au feu de l’Enfer les “associateurs”, car l’islam est essentiellement la religion monothéiste révélée au monde par la longue lignées de prophètes (Abraham, Moïse, Jésus) dont Mahomet est le dernier maillon, le sceau.

.La SUNNA : recueil des Hadith = dits et faits et gestes du prophète. Elle est la parole du prophète alors que le Coran est la parole de Dieu (Sunna = Tradition).

. La CHARI’A : droit canon islamique qui repose sur ces deux textes et donne lieu à quatre grandes traditions juridiques d’interprétation :
- école hanafite (Turquie, Inde, Chine)
- école malikite (Arabie, Afrique du Nord, Afrique Occidentale, Haute Egypte, Soudan)
- école shafi’ite (Basse Egypte, Syrie, Arabie du Sud, Malaisie, Indonésie)
- école hanbalite (Arabie)

. IJMA : législation par analogie dans les cas où ni le Coran, ni la Sunna ne répondent aux besoins (recueil de pratiques et de préceptes se référant à l’exemple donné par les compagnons de Mahomet)

 

2 - le contenu de la foi :
1 - Dieu est unique : profession de foi : “j’atteste qu’il n’y a pas de divinité si ce n’est Allah et que Muhamad est son prophète”. Dieu créateur est incréé.
2 - Dieu est tout-puissant, miséricordieux et rétributeur. Inaccessible parce que tout-autre, il parle par révélation, faisant connaître sa puissance, son action dans le monde, sa miséricorde mais non le mystère de sa vie intime. Chacun sera jugé selon ses oeuvres, admis au paradis ou rejeté en enfer.
3 - Se soumettre à Dieu est le véritable Islam (soumission)
4 - Dieu parle par ses prophètes (Moïse, Jésus, Mahomet). Le Coran étant la récapitulation et le sceau de toute prophétie.
5 - Dieu parle aussi par les signes de l’univers où il faut savoir découvrir le créateur

LA COMMUNAUTE ISLAMIQUE ET LES 5 PILIERS DE L’ISLAM :
L’ensemble de ceux qui croient forment la UMMA : quiconque s’en écarte, s’écarte de la foi. Tout acte de la vie a valeur religieuse et tout acte religieux a valeur communautaire. Ainsi en est-il en premier chef des cinq piliers, ou grandes obligations qui régissent la vie religieuse du musulman.

1 - La profession de foi : chahada : c’est cette profession de foi qui agrège le croyant à la communauté et fait l’unité de celle-ci.
2 - La prière rituelle : Salat qui a lieu 5 fois par jour (aube, midi, après-midi, crépuscule, soir). Elle doit être précédée d’ablutions rituelles purificatrices et se fait le visage tourné vers La Mecque; gestes et attitudes ponctuent la récitation de sourates et de versets du Coran. Elle tient une place essentielle dans la vie personnelle comme communautaire en rappelant toute la journée au croyant qu’il doit y faire place à Dieu. La prière se dit de préférence en groupe, si possible à la mosquée, en particulier celle de midi, du vendredi, des jours de fête. A la mosquée, la prière est dirigée par un Imam.

3 - Le jeûne durant le mois de Ramadan : Sawn (pour rappeler la révélation du Coran). Il va du lever au coucher du soleil : abstention complète de nourriture, de boisson, de relations sexuelles. La faim et la soif font connaître aux riches la condition des pauvres. RAMADAN : 9° mois de l’année lunaire musulmane. Acte ascétique personnel et collectif, soulignant que l’on est sur terre pour se soumettre à Dieu.
4 - L’aumône légale : Zakat, impôt en espèces ou en nature destiné à un fonds de bienfaisance au profit des musulmans. Elle purifie la personne de ses biens , tout en étant un geste de justice et de solidarité.
5 - Le pèlerinage à La Mecque : Hadj, obligatoire une fois dans sa vie si le musulman en a les moyens. Il efface les péchés personnels et il est en même temps une puissante expression de la foi commune des croyants dans leur diversité. Le rituel se rapporte à Abraham qui aurait bâti la Kaaba, petit temple cubique dont un angle s’orne d’une pierre donnée par l’ange Gabriel et dont les pèlerins font le tour.

Quant à la guerre sainte ou Djihad qui signifie effort : effort sur soi (travail intérieur) et mobilisation pour assurer le règne des droits de Dieu contre l’ennemi (infidèles mais aussi la maladie, la misère..) peut se faire par la guerre, la diffusion de la culture islamique. (Cette notion apparaît en contradiction avec l’affirmation de la prédestination : Mektoub (voir la Nuit du Destin)
L’esprit communautaire de l’Islam se traduit par un fort sentiment de solidarité avec les peuples musulmans, la distinction entre spirituel et temporel est d’ailleurs inconnue de l’Islam. Tout acte public engage la vie et l’avenir de la communauté de foi qui a pour mission de faire prévaloir les droits de Dieu

VOCABULAIRE :
OULEMA : savant en sciences religieuses apte à interpréter la loi islamique. Le plus souvent il enseigne dans une Medersa (école) ou une université islamique.

MOSQUEE : “lieu où l’on adore” Elle est précédée d’une cour où une fontaine permet les purifications rituelles. Dans la salle une niche, le MIHRAAB indique la direction de La Mecque; une chaire sert à la prédication; le sol est recouvert de tapis, on y pénètre déchaussé pour préserver la pureté rituelle. L’appel à la prière est lancé depuis le MINARET par le MUEZZIN. (voir schéma et photos)

CLERGE : y a-t-il un clergé dans l’Islam ? Non seulement il y a une église au sens du mot grec mais il y a X églises. En Iran chiite et même chez les sunnites où l’Imam conduit la prière, prêche et se donne le droit de lancer des fatwas qui sont des actes d’église. L’ayatolah ou l’imam croit avoir autorité pour le faire

MOLLAH: chef religieux

L’ISLAM AUJOURD’HUI : l’Islam en chiffres (voir Théo p.142 a) et répartition géographique (voir cartes)
  • Ne pas confondre : arabe et musulman
    - tous les musulmans ne sont pas arabes : sur un milliard de musulmans il y a 280 millions d’arabes. Turcs, Iraniens, Indiens, Malais, Chinois, Berbères, Pakistanais, Noirs Africains, Ouzbeks, Musulmans des Balkans...ne sont pas arabes.
    - tous les arabes ne sont pas musulmans : coptes et palestiniens chrétiens; chaldéens (arabes chrétiens de très longue date; l’armée de Sadam Hussein compte 10% de ces chaldéens), arabes juifs.
  • Ce qui unit tous les musulmans : la croyance en un Dieu unique révélé à son prophète Mahomet - le Coran parole de Dieu comme source première du droit musulman, écrit en langue arabe (non traduisible?)
    Mais il existe différentes interprétations du Coran , donc différents groupes religieux (on compte 73 obédiences !)
  • Principaux courants de l’Islam :
    - 90% des musulmans sont sunnites et se considèrent comme détenteurs de l’orthodoxie islamique.
    - 10% sont des chiites (chiat : parti) : fidèles d’Ali, gendre et cousin de Mahomet, écarté du califat par ses rivaux. Leur chef spirituel, l’Imam, est toujours pris dans sa descendance.
    Parmi eux les chiites imamites (Iran, Irak, Liban) attendent le retour du 12° Imam disparu en 873 : les Ayatollahs (signes de Dieu) interprètent d’ici là la volonté de l’Imam caché.
    Les chiites ismaliens, secte ésotérique, ne connaissent que les sept premiers Imams, le 7° étant Ismael (mort en 762); ils se subdivisent en plusieurs mouvements parmi lesquels les druzes et les alaouites (Syrie, Liban) ayant chacun sa doctrine et son organisation.
    Les chiites rejettent la sunna.

Trois textes essentiels du Coran pour le musulman :
- sourate 112 :
Dis : Dieu est un
C’est le Dieu éternel
Il n’a point enfanté et n’a pas été enfanté
Il n’a point d’égal.

- sourate 1 (dite fatihat el - kitab : qui ouvre le livre)
Louange à Dieu, souverain de l’univers
Le clément, le miséricordieux,
Souverain au jour de la rétribution.
C’est Toi que nous adorons, c’est Toi dont nous implorons le secours.
Dirige-nous dans le sentier droit,
Dans le sentier de ceux que tu as comblés de tes bienfaits,
De ceux qui n’ont point encouru ta colère,
Et qui ne s’égarent point.

- sourate 114 :
Dis : je cherche un asile auprès du Seigneur des hommes,
Roi des hommes,
Dieu des hommes,
Contre la méchanceté de celui qui suggère les mauvaises pensées et se dérobe;
Qui souffle le mal dans les coeurs des hommes;
Contre les génies et contre les hommes.

Le Coran traduction Kasimirski (Garnier Flammarion)