Chronologie de l'histoire d'Al Andalous
Nous vous invitons donc à un voyage au pays d'Al Andalous dont nous présentons d'abord Le cadre historique 711-1492.

Chronologie de l’histoire de l’Islam

  • Le califat : les successeurs de Mahomet :
    ABOU BAKR : 632 - 634
    OMAR : 634 - 644
    OTSMAN : 644 - 656
    ALI : 656 - 651, assassiné par le gouverneur de Syrie : Mo’auiya qui fonde la dynastie des OMEYADES (capitale Damas - 661 - 750 ), renversée par les ABBASSIDES (capitale Bagdad - 750-1258), dont l’empire se disloque vers le milieu du IX° siècle.
  • Les Omeyades se survivent en Espagne (émirat puis califat de Cordoue - 756 - 1031); les Abbassides en Egypte ( 1258 - 1517).
  • En 1517, le califat passe aux OTTOMANS (sultans). Il sera aboli en 1924 par Mustapha Kemal, fondateur de la République Turque.
    Depuis se pose la question d’un substitut politique au califat

Chronologie de l’histoire d’Al Andalous

Al Andalous, c’est le nom donné par les arabes à l’Espagne qu’ils ont conquise en 711 et qu’ils occuperont jusqu’en 1492. Mais l’étendue de l’Espagne musulmane a beaucoup varié au cours de ces sept siècles. On peut distinguer deux grandes périodes :


- Première période : 711 - 1031 :
1 - la conquête et l’émirat dépendant de Damas : 711 - 756
Arabes et berbères conquièrent la péninsule ibérique, provoquant l’effondrement du royaume wisigothique de Tolède (qui avait succédé à l’Espagne Romaine) : en 711, le gouverneur d’Afrique du Nord, Musa Ibn Nassir, décide d’envahir l’Espagne; il ordonne à son lieutenant général Tariq d’en entreprendre la conquête; à la tête de 7000 hommes, débarqué à Gibraltar, Tariq progresse sans rencontrer de véritable résistance : Malaga, Grenade, Cordoue, Tolède tombent. En 712, Musa en personne, accompagné de 18000 arabes, débarque en Espagne et conquiert Séville et Mérida, puis rejoint Tariq à Tolède. Ensuite il monte en direction du Nord vers Astorga et Lugo avant de redescendre par Ségovie avant la fin de 712.
Al Andalous est alors organisé en un émirat faisant partie d’un ensemble d’émirats dépendants du califat de Damas où règne la dynastie des Omeyades.
Cependant au nord de l’Espagne subsistent des poches de résistance de soldats chrétiens, réfugiés dans les montagnes des Asturies d’où ils livrent une véritable guérilla aux arabes. En 722, ils battent les Maures à Covadonga, reprennent les Asturies et d’emploient dès lors à étendre la domination chrétienne en Espagne.

2 - L’émirat de Cordoue indépendant : 756 - 929
En 756, l’Espagne musulmane échappe aux Abbassides (la dynastie abbasside ayant renversé les Omeyades.), puisqu’un Omeyade ABD AR RAHMAN, seul survivant de sa famille massacrée par les Abbassides, s’empare de Cordoue et en fait un émirat indépendant de Damas.
“C’est en jouant habilement des rivalités entre les groupes tribaux arabes établis dans la péninsule et en s’appuyant sur son propre contingent tribal que le premier omeyade de Cordoue, l’émir Abd Ar Rahman 1°, avait réussi à imposer son pouvoir au milieu du VIII° siècle.

Pendant tout l’émirat, ce pouvoir continue à s’appuyer principalement sur une élite dirigeante de parents de la dynastie... et surtout sur un groupe aristocratique assez restreint mais très puissant constitué par quelques grandes familles de clients qui accaparent les hautes charges de l’administration et de l’armée.

L’organisation étatique devient un peu plus complexe dans le cours du IX° siècle, surtout à l’époque de l’émir Abd Ar Rahman II (822-852) qui voit l’introduction en Al Andalous d’éléments de l’organisation politique et administrative empruntée au califat abbasside de Bagdad.” Bartolomé Bennassar Histoire des espagnols VI° - XVII° siècle (Armand Colin).Parallèlement , le royaume asturien où Pélage, le descendant du dernier souverain wisigoth, se fait élire roi, devient le berceau de l’Espagne chrétienne. Alphonse I° (693 - 757) va agrandir ce royaume en s’emparant de la Galice voisine et en reprenant Astorga en 749.

3 - Le califat de Cordoue : 929 - 1031

En 929, Abd Ar Rahman III (912 - 961) érige l’émirat en califat. Cordoue connaît alors un siècle de prospérité. Le califat de Cordoue (environ le X° siècle) est le plus brillant et le plus développé des états musulmans de l’époque (seul en Europe l’empire byzantin a un rayonnement comparable).
“C’est à ce moment surtout que s’organisent définitivement des institutions administratives, fiscales, militaires, qui se prolongeront pour l’essentiel sous les régimes politique ultérieurs; que se développent et se répandent des formes de vie urbaine et rurale, des structures industrielles et commerciales, qui vont caractériser la société et l’économie andalouses au cours des siècles suivants; que sont posées, enfin, les bases de la vie culturelle brillante qui s’épanouit à l’époque des royaumes de taifas et s’impose, sous des formes adaptées aux nouvelles exigences religieuses et politiques, dans les empires hispano-maghrébins au XII° siècle”. Bennassar (op. cité).Cordoue possède en particulier, dès le X°S une université célèbre, au rayonnement international.
En 976, à l’avènement du “débile” Hicham II, son ministre surnommé Al Mansour (le vainqueur) maintient un pouvoir fort (une véritable dictature) et conquiert plusieurs villes du nord sur l’Espagne chrétienne.


Mais les problèmes de succession n’ayant cessé d’engendrer des troubles (1009 : révolution de Cordoue : déposition de Hicham et exécution du fils et successeur d’Al Mansour), le califat se scinde en petites principautés arabes, berbères, slaves (les royaumes de taifas), et disparaît en 1031.

- Deuxième période : 1031 - 1492 :
1 - Les royaumes de taifas : 1031 - 1055

Les rois des taifas gardent les institutions du califat; ils les font fonctionner à leur profit mais n’en changent pas la nature. Le changement principal est l’éclatement de l’énorme foyer de civilisation cordouan en une multitude de capitales qui sont autant de petites Cordoues. Les rois mécènes s’entourent d’une cour de gens cultivés et de savants et favorisent la création intellectuelle et artistique.
Ainsi, le prince slave (eslavon) de Denia, Mudjahid, créé dans sa capitale une véritable université de lecture coranique en y attirant les savants les plus réputés, Dénia devient un centre dont le rayonnement s’étend au monde musulman tout entier. Mudjahid organisa aussi des sessions littéraires (joutes poétiques et oratoires, controverses philologiques).

Ce morcellement en quinze petits royaumes plus difficiles à défendre profite aux chrétiens. Ce qui permet à Alphonse VI (1040 - 1109), roi de Léon, de Castille et de Galice de conquérir Tolède (25 mai 1085) et de repousser ainsi les frontières chrétiennes au sud du Tage.
Les rois des taifas font alors appel à la tribu des Almoravides : moines guerriers issus du Sahara Occidental (Mauritanie “al morabettin”).

2 - L’époque des Almoravides : 1055 - 1147
En peu de temps, ils dominent une partie de l’Espagne chrétienne qui n’oppose que des forces divisées (Castille, Léon, Aragon, Navarre), et ils réunissent sous une même domination le Maroc et l’Espagne.
Mais en 1121 débute la sédition de tribus berbères qui s’étend à tout le Maroc puis à l’Espagne et en 1147 les Almoravides sont chassés de la péninsule par leurs adversaires religieux les Almohades.
Parallèlement en 1139, le Portugal à la suite de la victoire d’Ourique remportée sur les maures, se constitue en état chrétien indépendant.

3 - L’époque des Almohades : 1147 - 1269
Cette nouvelle dynastie berbère établit en Espagne et en Afrique du nord une souveraineté totalement indépendante de l’autorité des califes de Bagdad et du Caire. C’est le premier état de pleine souveraineté depuis la disparition du califat de Cordoue. Les Almohades peuvent alors se parer du titre de calife, et créent un nouvel empire musulman d’Occident.

L’apogée correspond au règne de ABU YUSUF YACUB surnommé Al Mansour (1184 - 1199). Celui-ci doit lutter sur plusieurs fronts:
- révoltes intérieures à l’empire (en 1184, révolte de Banu Ghaniya au Maghreb: les membres de la dynastie almoravide mayorquine ont réussi à débarquer à Bougie et appuyés sur de nombreux mécontentements, entretiennent une redoutable et interminable dissidence sans cesse renaissante.)


-menaces de reconquête chrétienne: Yusuf remporte des succès éclatants: en 1191, il reprend aux portugais Alcacer do Sal et Silves - en 1195, il remporte sur les castillans et leur roi Alphonse VIII la grande victoire d’Alarcos, près de Calatrava au sud de Tolède; Calatrava devient le point principal de la défense de la frontière centrale.Mais en butte aux divisions internes et à la contre-offensive chrétienne leur puissance s’affaiblit.

La défaite de Las Navas de Tolosa en 1212 face à l’union de la Castille, du Léon, de la Navarre et de l’Aragon, la perte de Cordoue en 1236 et de Séville en 1248, marquent la fin de la puissance Almohade.

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4 -Seconde période des taifas : 1269 - 1492 Les dissensions qui ont éclaté entre les taifas ont facilité la reconquête chrétienne menée par les ordres militaires chrétiens et les grands rois catholiques.L’Espagne musulmane ne survit plus que dans le royaume de Grenade qui occupe la haute Andalousie et sa frange méditerranéenne.La dynastie nasride y développe une brillante civilisation dont le palais de l’Alhambra à Grenade reste le témoin.

Mais en 1492 Boabdil, le dernier roi nasride capitule devant les Rois Catholiques, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille.