Rencontres littéraires avec les autrices Emilie Plateau et Camille Zabka

Rencontre avec Émilie Plateau

Le vendredi 17 janvier 2020, les élèves de la classe de 2nde 5 ont accueilli au château du lycée l’autrice Émilie Plateau, venue parler de son œuvre Noire, BD sélectionnée par la région qui organise chaque année un prix littéraire : L’échappée littéraire. Dans le cadre de ce prix, des lycéens et apprentis de Bourgogne-Franche Comté lisent, tout au long de leur année scolaire, 4 romans, 4 BD et chacun vote pour celui et celle qu’il a préférés. À cette occasion, les élèves avaient réalisé un « mur des sentiments » (composé de mots [ou petits dessins] exprimant leur ressenti par rapport au livre) ainsi que des carnets de lecture, où figurent de courts résumés ou des dessins en rapport avec le livre. Au contact d’Émilie Plateau, les élèves ont eu l’occasion d’apprendre beaucoup de choses à propos du métier d’autrice, des habitudes de travail, du parcours requis… D’après les propos d’Elias.

Carnets de lecture

Le parcours d’Émilie Plateau. Au collège… Lorsque Émilie Plateau était au collège, elle adorait les BD et se rendait à beaucoup de festivals où elle aimait rencontrer des auteurs et dessinateurs. A partir de la 4ème, elle a eu un déclic et s’est rendu compte qu’elle voulait vraiment écrire des BD. Après le lycée, elle a fait l’école d’art de Saint-Etienne, mais n’en a pas était satisfaite : selon elle, il y avait beaucoup trop de théorie et pas assez de pratique. Après cette année-là, elle a passé un concours, puis elle a été prise aux Beaux-Arts de Montpellier dont elle sera diplômée. Au cours de son cursus, elle a dû effectuer un stage qu’elle a fait au sein de la maison d’édition « 6 pieds sous Terre ». Cette maison d’édition lui proposera plus tard de publier sa première BD. « J’ai longtemps ressenti le syndrome de l’imposteur », nous a-t-elle indiqué, « à me dire que je n’étais pas légitime de faire de la BD parce que je n’avais pas reçu de formation pour. »  Suite à cela, elle s’est rendue à beaucoup de festivals pour se faire connaître et y a fait beaucoup de rencontres. Mais elle dut constater combien il est difficile pour une femme de se faire un nom dans ce milieu : on croyait souvent qu’elle était là pour accompagner les auteurs, encaisser les commandes par exemple, et non en tant qu’autrice elle-même. D’après les propos d’Elias, Laura et Thessa

Parcours professionnel. Émilie Plateau a d’abord, après ses études consacrées à l’art, écrit beaucoup de fanzines. Des fanzines sont des publications institutionnellement indépendantes, de faible diffusion, élaborées par des passionnés de science-fiction, de bandes dessinées, de cinéma, etc. Ces fanzines étaient distribués dans la rue par Émilie Plateau elle-même. Ils lui servaient aussi de moyen de communication au sein de sa colocation en Belgique car elle était très timide. Aussi laissait-elle dans le salon ses fanzines qui évoquaient, entre autres choses, leur quotidien. Ses colocataires y jetant un œil, les conversations s’engageaient plus facilement. À partir de cette expérience de colocation en Belgique, elle publie, en 2012, sa première BD, Comme un Plateau. En 2014, sa deuxième œuvre, De l’autre côté de Montréal, évoque sa vie au Québec. Moi non plus en 2016 évoque une de ses ruptures. Toutes ses œuvres sont très personnelles. Noire sera sa première publication non autobiographique. D’après les propos d’Achille, Laura G et Matéo.

Les habitudes de travail d’Émilie Plateau. Émilie Plateau aime se promener pour trouver l’inspiration avec ses petits carnets de proche. Elle s’aide des situations quotidiennes et du monde qui l’entoure. Elle aime beaucoup, par exemple, écouter les discussions des gens…. Mais elle aime également regarder des films et des podcasts. À court d’imagination ou en raison de commandes d’autres clients, elle fait parfois des pauses dans les projets personnels. Ce qu’elle préfère, c’est écrire chez elle dans son lit, volets fermés et dans un calme absolu. Elle se rend aussi dans son atelier qu’elle partage avec d’autres artistes pour y dessiner mais c’est rarement là-bas qu’elle conçoit ses scenarii car elle y est plus dérangée. « J’aime beaucoup traiter des thématiques intimistes, de la fragilité du quotidien et je trouve qu’aborder ces thématiques de manière minimaliste colle parfaitement avec mon propos. Les histoires que je dessine sont souvent des histoires de luttes. De comment trouver sa place dans le quotidien, dans l’Histoire. J’aime que les petits personnages prennent corps dans de grands espaces. » D’après les propos de Carla-Lou, Lou et Zoé.

Genèse de Noire Émilie Plateau a adapté en BD le livre Noire de Tania de Montaigne dont elle a conservé le titre. Elle a repris l’histoire très méconnue de Claudette Colvin, qui a été la première femme noire à ne pas avoir voulu céder sa place à une personne blanche dans le bus. Cette BD se lit bien et facilement. Les dessins sont simples et l’autrice utilise peu de couleurs : noir, jaune et marron. « Chaque mise en couleur pour chaque page est assez symbolique », nous a-t-elle indiqué : les personnages de couleur noire apparaissent en blanc lorsqu’ils sont en présence de leur famille ou d’autre personnes noires. Nous les voyons seulement en noir ou colorés quand ils sont dans un lieu public où ils se sentent, du fait du regard des autres, différents. Cela rappelle la double discrimination faite aux femmes de couleur, et la ségrégation qui sont les sujets principaux de cette BD, ayant pour but de sensibiliser les lecteurs sur ces sujets.  « Avec Noire, nous a dit Émilie Plateau, j’ai compris que je pouvais aussi raconter l’histoire d’une autre personne, une histoire que je n’ai pas vécue. C’est une BD très importante pour moi ». D’après les propos d’Adam, Laura, Louis et Patryk.

Mur des sentiments

Nous aurions aimé encore échanger pendant des heures avec Émilie Plateau, mais ça n’était malheureusement pas possible… Nous tenons à la remercier pour cette rencontre chaleureuse et riche, qui restera un moment fort de notre année scolaire, et pour la correspondance qui s’est poursuivie après la rencontre. Et nous souhaitons pouvoir encore lire dans les années à venir de nombreuses BD d’Émilie Plateau !

Rencontre avec Camille Zabka

C’est le vendredi 24 janvier 2020 que Camille Zabka a rejoint notre classe de 2°5 au CDI pour évoquer son œuvre intitulée Celle qui attend. Avant la rencontre, certains d’entre nous avaient, avec une intervenante de l’association Le Cri de la plume, Nina, rédigé des textes sous différentes formes sur le livre. Mais nous avons aussi préparé un mur des sentiments (nous avons accroché des post-it sur une feuille noire de format A2 des mots ou des groupes de mots qui nous faisaient penser au livre). Des carnets de lecture ont également vu le jour après la lecture de l’œuvre. Dessins, poèmes, photo montages et paragraphes étaient au rendez-vous. Cette rencontre nous a aussi et surtout permis de poser de nombreuses questions à Camille Zabka sur son parcours et son roman. D’après les propos de Matéo.

Mur des sentiments et carnets de lecture

Présentation de l’auteure. Camille Zabka est professeure de lycée à temps partiel, elle a suivi des études de lettres. Passionnée de livres classiques et de romans réalistes, elle écrit des livres dans son temps libre et aimerait en faire son métier à temps plein. Pour écrire, elle s’inspire de la réalité car elle n’aime pas spécialement les œuvres qui ne sont pas réalistes. Par exemple pour Celle qui attend, œuvre qui évoque le milieu carcéral elle a visité une prison et rencontré des professionnels travaillant dans le milieu. D’après les propos de Carla-Lou, Lou et Louis.

Une œuvre sur l’incarcération. Camille Zabka ne s’attendait pas à écrire sur le sujet d’incarcération. Celle qui attend devait être un témoignage que des proches lui ont demandé d’écrire. L’œuvre est devenue fictionnelle mais reste très ancrée dans la réalité et pour bien écrire, l’auteure a dû visiter une vraie prison, ce qui a beaucoup influencé l’écriture du livre. Elle nous a dit ne pas bien comprendre le système d’emprisonnement, que peu importe la durée de l’incarcération, celle-ci aura forcément des conséquences sur la vie de la personne. Elle a ajouté que pour punir quelqu’un de ses actes, on pourrait passer par autre chose que l’emprisonnement. Concernant son personnage principal, Alexandre, elle trouve sa situation et sa peine injustes, d’après elle il ne méritait pas quatre mois d’emprisonnement pour un délit de fuite. Pour éviter que les personnages ne soient caricaturaux, elle a essayé de nuancer leurs attitudes et leurs traits de caractère. Elle nous a confié s’être parfois servi de plusieurs portraits pour composer un seul personnage de détenu. D’après les propos de Laura K. et Thessa.

L’accueil de l’œuvre par les personnages. Cela a d’abord été dur pour la vraie Pénélope et le vrai Alexandre, qui attendaient un témoignage, de voir leur histoire devenue fiction littéraire. L’autrice nous a expliqué que ce qui a pu les dérouter également est le fait de revivre en quelque sorte, à travers le roman de Camille Zabka, une histoire dont ils ne sont pas sortis indemnes. Si la jeune femme qui a inspiré le personnage de Pénélope a fini par apprécier le roman, ce fut plus compliqué pour son mari qui n’a pas pu en terminer la lecture, d’abord parce qu’il n’est pas un grand amateur de littérature, ensuite – et sans doute surtout ! – en raison des lourds souvenirs que cette lecture réveillait.  Il a toutefois apprécié de retrouver, dans le livre, les lettres, si importantes pour lui, telles qu’elles avaient été écrites, non modifiées. La maman de Pamina, la petite fille dont le prénom n’a pas été changé, a regroupé ces lettres, les dessins qui avaient été envoyés durant l’incarcération de son Papa, dans un carnet. Elle a à cœur que sa petite fille, qui a déjà tout oublié de l’absence de son père alors qu’elle était toute petite, connaisse les raisons de cette absence. Le carnet porte le titre Papa est au coin, titre que Camille Zabka aurait aimé donner à son roman. Il n’a pas été retenu, la maison d’édition considérant qu’il avait trop une connotation « littérature jeunesse ». D’après les propos d’Elias.

L’échange avec l’auteure fut riche et détendu. La rencontre s’est achevée par la traditionnelle séance de dédicaces et quelques photos. Nous remercions Camille Zabka pour sa venue, son écoute, ses réponses et pour la correspondance qui s’est poursuivie après la rencontre. Nous souhaitons à Camille Zabka de pouvoir, à terme, se consacrer pleinement à l’écriture et de publier très vite son prochain roman.

Tous les livres de la sélection de l’Echappée littéraire sont présentés sur le site du CDI du lycée Stephen Liégeard

Ateliers d’écriture dans le cadre du prix L’échappée littéraire

Dans le cadre du prix de l’Échappée Littéraire (organisé par la région BFC), Nina Boulehouat, de l’association Le Cri de la Plume, a animé six ateliers d’écriture pour les élèves de 2de 5.

Une partie de la classe s’est basée sur Les métèques , de Denis Lachaud : un travail particulier a été fait autour des personnages et des perceptions différentes de l’histoire, ainsi que sur les discriminations dont certains étaient victimes.

La deuxième partie de la classe a effectué des travaux d’écriture en rapport avec Celle qui attend, de Camille Zabka. Ici, les thèmes de la liberté et de l’enfermement ont été abordés, notamment sous forme de poésies et de lettres.

Ces ateliers furent l’occasion d’échanges enrichissants et de découverte de réels talents. Merci Nina !

N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site internet du Cri de la Plume ! (http://lecridelaplume.fr)