Lycéens et apprentis au spectacle vivant 2021-2022

La classe de 2nde 3 a pu participer au dispositif d’éducation artistique « Lycéens et apprentis au spectacle vivant » initié par le Conseil Régional de Bourgogne- Franche-Comté et organisé par l’association Côté Cour. Voici quelques extraits de leurs travaux.

Léa Masson joue la femme juive

« La femme juive », Grand peur et misère du IIIe Reich, Bertold Brecht et Margarete Steffin, 1938

La compagnie de théâtre day-for-night à Besançon est venue jouer « La femme juive » en salle 311, vendredi 3 décembre 2021.

Avant le spectacle…

Grand peur et misère du IIIe Reich est une pièce de théâtre écrite par Bertold Brecht et Margarete Steffin entre 1935 et 1938. Elle comporte 24 sketchs indépendants. Ils sont tous composés d’un titre, d’un exergue, d’une didascalie initiale. Ces éléments permettent de nous donner des informations sur le contenu du texte et sur son contexte. En classe, nous avons étudié le deuxième sketch nommé « 2 – La Délation ». Le terme « délation » signifie dénonciation. Ici, l’exergue, petit texte introduisant le texte principal, nous informe sur les mécanismes du pouvoir Hitlérien et le choix des personnages. Dans la didascalie initiale, nous apprenons que ce sont des petits bourgeois habitant un appartement, cela nous indique que l’histoire qui va suivre pourrait arriver à n’importe qui. Dans ce sketch, où les personnages ont dénoncé leur voisin aux autorités nazies, on assiste à des instants de lâcheté de leur part. Brecht veut montrer que l’inaction de gens ordinaires sans courage participe à faire perdurer le fascisme. [Extraits du carnet de bord de Léonie et Alice]

http://profondeurdechamps.com/2012/05/09/sur-grand-peur-et-misere-du-iiie-reich-de-bertolt-brecht-1938

Dans l’attente de découvrir le spectacle, nous imaginions toutes sortes de possibilités de mises en scène : voir une pièce de théâtre avec des comédiens en costume, découvrir un langage très soutenu et un vocabulaire très riche… Comme nous savons que nous allons assister à trois mises en scène différentes de « La Femme juive », nous émettons les hypothèses suivantes : dans la première représentation, nous pensons que les comédiens vont jouer sans accessoires. Dans la seconde, nous imaginons qu’ils vont jouer avec plus d’accessoires ainsi que plus de mouvements et dans la troisième, nous pensons qu’il y aura plus d’émotions. [Héloïse et Sélène]

ou encore

On peut supposer que le changement sera le degré de violence que portera le ou les policiers lors de l’arrestation de cette femme. Le but étant sûrement de nous choquer et de nous sensibiliser à la violence qu’ont subie les juifs et autres persécutés durant la Seconde Guerre Mondiale. [Amaury et Eléonore]

Pendant…

Nous avons assisté aux trois représentations proposées par les comédiens. Elles se sont révélées très différentes les unes des autres. En effet, si le nombre de personnages est resté toujours le même, leur rôle ainsi que la mise en scène et les dialogues changeaient d’une représentation à l’autre.

La première représentation nous a semblé être la plus fidèle au texte et à la mise en scène d’origine. En effet, les accessoires et les costumes étaient d’époque. La scène débute avec une femme qui écoute des annonces à la radio. Ces annonces évoquent notamment les lois antijuives de Nuremberg. On peut penser que ces annonces font office d’exergue qui nous informe ainsi sur le contexte de la scène. La femme coupe ensuite la radio et passe différents appels dans lesquels elle annonce à ses interlocuteurs qu’elle part au Danemark. On comprend que cette femme sur scène est la femme juive dont il est question dans le titre, et qu’elle s’apprête à fuir son pays pour ne pas être persécutée par les nazis et pour ne pas attirer d’ennuis à son mari qui est médecin. La femme fait en sorte de cacher son émotion à ses interlocuteurs, sauf à l’une de ses amies à qui elle se livre sans filtre. Un fois ses appels passés, elle fond en larmes puis se ressaisit. Elle cherche alors différentes formulations pour annoncer son départ à son mari. Elle veut se montrer honnête et lui annoncer les vraies raisons de son départ. Soudain, le mari entre en scène. Elle tient alors un discours complètement différent de lorsqu’elle était seule. Elle laisse croire à son mari qu’elle ne part que pour quelques temps, qu’elle a juste besoin de repos, alors qu’elle sait très bien qu’elle part peut-être pour toujours. On peut penser que c’est ici qu’intervient le retournement qui caractérise les sketchs de Brecht, car la jeune femme tient n discours totalement différent. Elle cache les vraies raisons de son départ à son mari. La femme quitte ensuite la scène après avoir enlacé son mari. La scène se termine sur ce qui s’apparente à un échange de lettres. Les personnages se tiennent de part et d’autre de la salle. La femme évoque sa fuite constante. [Gabriel et Téïva]

Deuxième représentation : Inversion des rôles ; cette fois-ci, c’est le mari qui est contraint de partir, et sa femme qui est médecin-chef (chose qui aurait été impossible au XXe siècle). On ne connaît pas vraiment les raisons pour lesquelles le mari quitte son ancienne vie, mais nous pouvons imaginer que c’est à cause de ses origines ou de problèmes personnels qui font qu’il ne se sent plus en sécurité dans son pays.   Le monologue est le même, seulement adapté à l’époque = Langage soutenu → courant, voire familier. Les costumes des deux personnages nous indique que nous nous situons dans une période actuelle. [Mattéo, Jeanne et Lilou]

Troisième représentation : Dans cette dernière version, le spectateur est libre de penser ce qu’il veut du contexte de cette scène. On voit la femme entourée de feuilles de papiers qui pourrait représenter une sorte de bulle. Pendant ce temps, le monologue de début est découpé et partagé de telle sorte qu’il y ait une impression de conversation entre la femme et l’homme (ce dernier, pendant ce temps, tourne en rond derrière les spectateurs), dans notre cas, nous avons plutôt pensé aux pensées de la femme, comme des flashbacks. La scène se continue et la femme sort de la bulle puis finit par rejoindre l’homme assit sur une table, à l’extérieur du cercle des spectateurs. C’est la seule scène où à la fin, l’homme et la femme se rejoignent. [Amaury et Eléonore]

Après…

Enfin, un échange avec les comédiens à la suite de la représentation nous a permis de nous familiariser davantage avec leur métier et leurs méthodes de travail. Ils nous ont ainsi révélé les coulisses de préparation du spectacle, de l’apprentissage du texte jusqu’aux techniques pour rester toujours imperturbables dans son jeu de scène. Ils nous ont aussi expliqué leurs conditions de travail, les différents aspects du métier de comédien, ses avantages et ses inconvénients, pourquoi ils l’ont choisi, ou encore la façon dont ils ont vécu les récents confinements. Cet entretien complète selon nous très bien le dispositif puisqu’il nous a permet de nous ouvrir à un nouvel univers que nous ne connaissons pas toujours très bien ! [Gabriel et Téïva]

Les comédiens nous ont montré qu’il était possible d’interpréter de diverses façons une même pièce. Nous avons beaucoup apprécié les transitions entre les différentes scénettes qui n’étaient pas annoncées, il fallait trouver les indices laissés par les comédiens pour comprendre le nouveau contexte historique. Par ailleurs, lorsque le comédien « fait tomber le quatrième mur », ses interactions avec le public permettent de mieux nous faire accrocher au spectacle. Nous trouvons que cette expérience a été très enrichissante car certains d’entre nous n’avaient jamais vu de pièce de théâtre auparavant et ont découvert comment pouvaient se mettre en scène des textes théâtraux. [Léonie et Alice]

L’Utopie des arbres, Compagnie Taxi Brousse au Théâtre de Beaune

Vendredi 2 décembre 2021, nous sommes allés à la Lanterne magique, au Théâtre de Beaune, pour la deuxième étape du dispositif « Lycéens et apprentis au spectacle vivant ».

Durant la séance préparatoire, nous avons travaillé à partir du titre de la pièce ainsi que de l’affiche du spectacle. Tout d’abord, nous avons défini le terme utopie, qui vient du grec ‘’u’’ qui signifie ‘’non’’ et de ‘’topos’’ qui signifie ‘’lieu’’. En bref, cela veut dire : lieu qui n’existe pas. Une utopie est un monde parfait, idéalisé. Un monde parfait du point de vue des arbres pourrait être un monde où la nature serait respectée et où il n’y aurait pas de problèmes de déforestation, comme aujourd’hui en Amazonie. Sur l’affiche, on voit un personnage, il pourrait être paysan, il porte une salopette. Il jette dans les airs ce qui pourrait être du blé ou du sable. On peut imaginer qu’il sera seul sur scène tout au long de la pièce, cela serait alors un soliloque. La nébuleuse semble former le houppier d’un arbre comme le petit dessin au-dessus. Le personnage parait enthousiaste, sa position représente peut-être un sentiment de liberté ou de libération. De plus, la forme dessinée au sol ressemble à une coupe transversale d’arbre ou alors aux limites d’un monde, à une bulle… Cela représente peut-être le cheminement d’une vie. Dans cette pièce, le comédien pourrait jouer le rôle d’un arbre, ou peut être même le personnage réifierait un arbre, c’est-à-dire qu’il aurait des qualités humaines et possèderait la parole. On ne sait donc pas vraiment ce que va incarner le personnage : un paysan ? un arbre ? [Léonie et Alice]

L’Utopie des arbres © Tous droits réservés

La représentation a eu lieu au théâtre de Beaune. Comme nous l’avions supposé, il n’y avait qu’un seul comédien qui assurait à lui seul toute la représentation. La mise en scène était très épurée, les seuls éléments de décor et accessoires étaient un râteau et un amas de sciure de bois. Dans la pièce, le comédien raconte un certain nombre d’anecdotes et de souvenirs issus de différentes périodes de sa vie, notamment de son enfance. Au cours de ces anecdotes, il évoque différents personnages qu’il a côtoyés et qui l’ont marqué par leur caractère grincheux. Il les nomme « grincheux 1 », « grincheux 2 »… Au cours de la représentation, il revient sur différents moments de sa vie d’écolier, ou plus largement de son enfance comme l’ascension du « grand sapin du fond du jardin » un jour où il était seul à la maison. Il s’était lancé pour défi de parvenir au sommet d’un gigantesque sapin d’une quarantaine de mètres afin de prendre une photo de sa maison. Mais, tétanisé par la peur, il avait été contraint d’abandonner. L’arbre serait même entré en contact avec lui pour exprimer son mécontentement… Un certain nombre d’allusions aux arbres sont ainsi glissées dans la pièce afin de faire le lien avec le titre. L’homme confie être fasciné par les arbres. Au fur et à mesure que l’homme déroule son récit et ses anecdotes, il utilise son râteau pour moduler la sciure présente sur le sol. Il dessine ainsi des motifs dont la spirale présente sur l’affiche, il forme différents amas. Pour évoquer les personnages de son récit, l’homme modifie le ton de sa voix afin d’imiter les paroles de ces personnages. Enfin ? La pièce est entrecoupée d’interludes musicaux et un certain nombre de bruitages viennent apporter de la profondeur à la représentation ! [Gabriel et Téïva]

Rencontre avec le comédien à la fin du spectacle

Alice : J’ai trouvé le spectacle très enrichissant. C’était un peu compliqué à comprendre au début : les différents personnages, le contexte… Cependant la représentation était très agréable à écouter, le comédien jouait très bien, il avait une voix claire et forte et parvenait parfaitement à nous faire passer les émotions du personnage. C’était la première fois que je voyais une pièce de théâtre, je l’ai trouvée un peu longue, peut-être parce qu’il n’y avait qu’un seul personnage sur scène, mais j’ai quand même apprécié le spectacle. 

Léonie : j’ai beaucoup apprécié cette pièce malgré le début assez compliqué à comprendre. J’ai trouvé cela très intéressant qu’il y ait uniquement un comédien. De plus la mise en scène était également intéressante et nous divertissait encore plus que si le comédien avait seulement parlé. La période d’échange fut agréable car elle nous a permis de comprendre certains messages que le comédien a voulu nous faire passer,  sans cela, on les aurait peut-être imaginés d’une manière différente. Elle nous a aussi permis de répondre à certaines questions sur le métier de comédien, on a donc compris que ce métier était très diversifié et assez dur car il y avait peu de repos.

Carnets de bord des élèves de la classe de 2nde 3

Une sélection de plusieurs carnets de bord sous la forme de diaporama :