Projet EAC No Kids

No Kids est une pièce de théâtre romancée écrite par Julie Rey qui est sortie en janvier 2024 dans la collection « R » de chez Robert Laffont. L’idée est de faire exister ce texte à travers les voix des jeunes et donc de proposer à la classe de 2nde 5 de s’emparer du texte et de le mettre en jeu. Ce projet a pour ambition de permettre aux élèves de cette classe d’expérimenter tout le processus qui lie un texte avec sa représentation et son incarnation : quels sont les choix faits par les jeunes et l’équipe artistique pour la mise en jeu d’une même scène, d’un même passage ? Quelles couleurs, quelles voix, quelles intentions donner aux trois personnages ? Une équipe d’artistes a accompagné les jeunes pendant une semaine : deux musiciens (Adrien Desse, Julie Rey) qui ont signé un thème mélodique qui a été joué en live, l’autrice (Julie Rey), une metteuse en scène (Elisabeth Hölzle).

Ateliers de pratique théâtrale

Pour notre tout premier jour du projet No Kids, lundi après-midi, nous avons fait la rencontre du musicien Adrien, qui nous a accompagné tout au long de l’expérience. Le but était de concilier la musique avec l’extrait de pièce de théâtre sur lequel nous avons travaillé. Nous avons débuté par une séance de découverte. Adrien nous a fait découvrir les différents instruments que nous pouvions utiliser pour accompagner notre scène. Nous avions à notre disposition : la batterie du château, des percussions ( bols Tibétains, cloches…), synthétiseur, piano… Nous avons alors pu jouer de ces instruments afin d’en découvrir certains et savoir comment les utiliser. Nous sommes ensuite passés à un atelier percussions corporelles sur un rythme binaire (à quatre temps). Pour garder une pulsation constante, nous avons marché sur quatre temps, tout en effectuant divers rythmes avec nos mains. Cet atelier nous a permis d’apprendre à s’écouter, à se coordonner et surtout à réaliser plusieurs tâches simultanées.

Atelier musique avec Adrien Desse

Pour commencer la deuxième journée du projet théâtre, nous sommes retournés dans le salon du château. Dans un premier temps, nous avons commencé à mettre en place la scène, en parallèle avec l’atelier musical d’Adrien et de Julie Rey. Notre pièce consiste à montrer le mécontentement de Malika face à la chambre en bazar de Morten, ainsi que la prise en vidéo du couple et le texte qu’elle contient. On a alors mis en place quelques détails comme des habits par terre, l’entrée des Malika, à l’aide de gestes et pour finir, le placement de la totalité des personnages. Nous avons passé beaucoup de temps pour arriver à un « final » plutôt sympathique, nous avons remarqué que la pièce commençait à prendre forme, cela nous a grandement ravi. L’après-midi, nous sommes revenu dans le salon, accompagné des autres groupes et avons répété tous ensemble. On a pu les observer, jouer notre scène devant un public, mais aussi coordonner nos pièces. Voir nos camarades jouer nous a beaucoup appris, et jouer devant eux était intimidant au début mais on s’y est habitué.

Répétition No Kids

Pour notre troisième séance en compagnie d’Elisabeth, nous avons porté notre attention sur le jeu. On a modifié quelques aspects de la pièce de façon subtile, et on a pu très facilement se rendre compte que les petits détails ont toute leur importance dans le monde du théâtre. Nous avons également créer une nouvelle scène : on avance, tous groupés, pour crier  » No Kids, but a Futur », des mouvements simples sont aussi créés, tels que des bras qui se lèvent, ou bien encore des tapements de mains sur les cuisses. On utilise notre corps comme instrument. Durant la représentation devant les autres groupes, on a découvert que les bruits produits par notre corps accompagnés de Adrien et de sa musique forment une belle mélodie, très agréable. Nous, les élèves, nous avons par ailleurs découvert que cette petite avancée était commune dans chacune des pièces et que celle-ci servait de transition entre chacune d’entre elles. La pièce prend forme, et un rendu final commence à s’immiscer dans nos esprits.

Carnet de bord de Pénélope et Tatiana

Rencontre avec l’autrice

Une semaine avant la rencontre avec l’auteure, nous avons découvert en classe la première et la quatrième de couverture de No Kids. Nous avons analysé la première de couverture qui représente une jeune fille qui a l’air perdu dans ses pensées, des notes sont posées à ses pieds comme si elle venait de les consulter. Au second plan, nous pouvons apercevoir un cadre accroché au mur avec le portrait d’un femme. Nous en avons déduit que cette jeune fille était le personnage principal, qu’elle devait songer à ses études. Nous pensions que les notes à ses pieds devaient être les pages d’un journal intime qu’elle écrit. La femme représentée derrière elle devait être sa mère ou sa grand-mère et nous avons supposé qu’elle avait une place cruciale dans l’histoire. La couleur principale de la couverture étant le vert nous avons supposé que l’histoire devait avoir un rapport avec l’écologie. (Lou-Ann)

Roxanne Gauthier©

Julie Rey est une autrice, musicienne et compositrice ayant écrit plusieurs livres, pièces de théâtre et plusieurs albums musicaux, pour les petits comme les grands. Elle a notamment collaboré avec plusieurs
écrivains tel que Arnaud Cathrine pour l’écriture d’une pièce musicale, Laurence Nobécourt. Elle a aussi collaboré avec des chanteurs comme :
Françoise Breut…Elle a aussi collaboré avec des comédiens comme Valéry Forestier… Mais aussi des mimes et des danseurs. Depuis 2011, elle dirige la Compagnie Petits Papiers pour pouvoir mener, avec d’autres artistes, des projets de médiation et la création de lectures musicales. (Loanne)

Nous avons rencontré Julie Rey le 13 novembre, peu de temps après que l’on ait commencé à réfléchir sur son livre No Kids. Dans un premier temps, lors de la rencontre, nous nous sommes installés dans une salle du château, puis, nous avons pu poser toutes les questions que l’on souhaitait concernant le métier d’autrice, mais également sur le livre. Ce moment nous a permis d’échanger avec Julie Rey pour la connaitre davantage mais nous avons également compris ce qu’était le métier d’auteur, combien de temps il fallait environ pour écrire un ouvrage, si elle avait parfois un manque de confiance quand elle écrivait… Toutes les réponses de l’autrice nous ont beaucoup appris et nous avons apprécié ce moment d’échange.

Dans un second temps, nous avons fait un travail sur un extrait du livre. Cela consistait à lire une phrase du texte, en changeant de lecteur à chaque signe de ponctuation forte. Une fois que l’on avait notre phrase, il fallait respecter un sens de parole décidé par Julie où il fallait crier ou bien murmurer. De plus, nous avons joué notre phrase : en effet, nous l’avons jouée avec des émotions telles que la tristesse, la colère ou encore l’euphorie. Enfin, le dernier exercice consistait à crier le plus fort possible « No Kids » à tour de rôle pour évacuer. Bien que cet exercice ait été compliqué au début par manque d’assurance et par timidité, cela nous a finalement plu car nous avons pu nous libérer sans se sentir jugées. Nous nous sommes bien amusées. (Emmy – Justine – Célia)

L’après-midi, nous avons fait un atelier par petits groupes sur un extrait du texte. Lors de cet atelier, par groupe de 2 ou 3, nous devions interpréter un extrait et le présenter devant la classe. J’ai trouvé l’exercice pas très évident, car ce n’était pas un dialogue. Nous avons dû nous répartir le texte pour qu’il paraisse un peu vivant et pas monotone. De plus, ce n’est
pas évident de se produire devant toute la classe car nous n’avons jamais fait de théâtre. (Loanne)

Écrits d’appropriation

MORTEN

« Je suis enceinte. ».

Les mots de Malika résonnent dans ma tête. Alors, je me concentre sur tout. Tout sauf elle. Sur les détails. La tâche de café sur le coin du coussin, les tasses qui traînent sur le comptoir, l’épis du présentateur tv qui présente le journal.

« Morten. » dit-elle.

Alors, je lui fais face.  À elle. Ou plutôt à eux. Un bébé à 17 ans ? Je relève le regard et vois une larme sur son visage. De bonheur ? D’angoisse ? De tristesse ? Elle ouvre la bouche, puis la referme. Elle finit par prendre la parole, non sans difficulté : « Morten, je vais avorter. ».

Un autre coup me parvient et je sens mon cœur se serrer, peut-être même se briser. Une larme coule également sur mon visage pour accompagner les siennes et je ne réussis pas à identifier son message. Je me souviens avoir lu qu’on pleurait quand nous ne pouvions nous exprimer oralement. Je pose ma tête sur son ventre, comme un au revoir, et nous pleurons. (Roxanna)

Extrait du carnet de bord de Lisa et Maëlle

MALIKA

Je me réveille ce matin avec une étrange sensation au ventre. Je me sens nauséeuse et fatiguée. Ce qui est inhabituel pour moi. Mais aujourd’hui , quelque chose est différent. Un soupçon s’est immiscé dans mon esprit et ne me quitte plus. Je sais que je dois faire face à la réalité et découvrir la vérité. Avec une légère anxiété je me rend à la pharmacie et j’achète un test de grossesse. De retour chez moi, je me retrouve seule dans ma salle de bain. Je reste là immobile fixant le test entre mes mains tremblantes. Une multitude d’émotions m’envahit. Je sais que ma vie sera bouleversée à jamais. Des larmes chaudes coulent doucement sur mes joues lorsque j’aperçois 2 barres sur le test. Je m’écroule par terre en sanglot, je pleure pour la perte de mon ancienne vie, pour les choix que j’aurais faire qui me semble plus difficile qu’au début. (Malake)

Carnet de bord de Lenny, Hacen et Qays

KILLIAN

J’avais donné rendez-vous à Morten, mon meilleur ami, comme tous les vendredis soir pour discuter. Cependant, je me suis toujours senti différent de lui. Quand il me raconte sa relation avec Malika, je ne ressens pas l’envie de me retrouver dans la même situation, et quand il me demande si quelqu’un m’attire, je ressens du dégoût. C’est comme si le désir ne faisait pas partie de moi, alors j’ai donc décidé d’en parler à Morten. Nous étions assis face à face, je baissais la tête, et lui confia toute cette histoire. Il m’a ensuite regardé, mais pas comme si j’étais un extra-terrestre, il a posé sur moi un regard bienveillant, en esquissant un sourire. Je me sentais libéré. Puis, il m’a dit qu’il avait entendu parler de ça, et que j’étais asexuel. J’ai immédiatement regardé la définition sur internet et j’ai senti en moi une sorte de soulagement ; je me suis senti normal et compris.

Carnet de bord de Julia et Marie

MALIKA

Je viens de sortir de l’hôpital et j’ai l’impression que tout tourne autour de moi. J’ai les résultats dans ma main mais je ne le crois toujours pas. Je ne sais pas quoi faire , je ne suis qu’une fille de 17 ans qui fait partie d’un groupe écologique.

Je ne sais même pas comment mes parent vont réagir ni si ma relation avec Morten continuera comme avant. Je sais que maintenant je ne veux pas d’enfants, je veux profiter de ma jeunesse et pouvoir terminer mes études.

Le docteur m’a donné le choix d’avorter mais je sais que les parents ne seront pas d’accord avec ça parce que ils sont très religieux. Je ne sais pas ce qui va se passer mais ma vie changera complètement à partir de maintenant. (Salma)